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Projet de jeune(s)
 

Là où la ville avance

Magadur.S

Equipier

En quoi consiste le projet

Qui est Recouvrance ? Si les beaux livres de cartes postales anciennes nous transportent facilement sur les pavés d’avant-guerre, il est plus difficile de se représenter le quartier entre les années 70 et aujourd'hui. Pour accompagner les changements de Recouvrance, j’aimerais tracer son portrait grâce à la voix de ses habitant·e·s, en posant les questions suivantes :
Comment vit-on les mutations de sa ville ?
Quels changements sociaux accompagnent la ville qui change ?
Ce travail aboutira à une série de 8 podcasts de 15 à 20 minutes, et un livre d’environ 40 photographies. Une exposition pourra être proposée au public à l'occasion de la sortie des podcasts et du livre.

D’où est venue l’idée de ce projet

Lorsque je suis arrivé à Brest il y a dix ans, plus que son architecture, c’est le rapport de ses habitant·e·s à la ville qui m’a frappé : chacun·e y est prêt·e à raconter l’histoire de Brest, à défendre son image, et à tempérer son climat. Chaque quartier a ses anecdotes (voire sa chanson), chaque souterrain son mythe, et chaque brestois·e en semble fièr·e.

J’ai habité Recouvrance pendant quatre ans. Comme d’autres, la ville me fascine, et plus curieusement encore lorsque je me balade sur la rive droite : la pente des rues qui descendent vers les mystères de la Penfeld, leurs noms évoquant l’absence (rue des « Remparts »), des traces d’enseignes comme des devinettes, et quelques détails comme ce linteau, rue de la Porte, coincé entre une banque et un local à pourvoir, portant gravé dans le granit, l’inscription « 1693 » (quand la dite porte du Conquet est née en 1692).

Ce quartier poursuit une longue mutation : (re)construction de logements sociaux, Programme d’Amélioration de l’Habitat dans les années 80, puis Plan Local Urbain et établissement du tramway, réhabilitation des Ateliers des Capucins et construction de l’écoquartier… Aujourd’hui, le Nouveau Plan de Rénovation Urbaine dessine le futur de la rive droite, de Recouvrance à Quéliverzan : un Grand Balcon sur la Penfeld.

« en 1997, lorsque je reviens dans ma ville d’origine, je m’aperçois que je ne la connais pas »
- Gwenaëlle Magadur, La Ligne Bleue

Mais, qui est Recouvrance ? Si les beaux livres de cartes postales anciennes nous transportent facilement sur les pavés d’avant-guerre, il est plus difficile de se représenter le quartier entre les années 70 et aujourd'hui. Pour accompagner les changements de Recouvrance, j’aimerais tracer son portrait grâce à la voix de ses habitant·e·s.

« en 30 ans ça a complètement changé, très radicalement.
C’est plus que des souvenirs, mais les souvenirs sont vivaces »
- Christophe Miossec, Abers Road

« est-ce la fin du Service National, la disparition des militaires,
ou la baisse d’activité de l’Arsenal, qui aura raison des nuits sans sommeil de Recou ? »
- Nicolas Filloque, Carte de Recoucouvrance

De l’infra-ordinaire au renouvellement urbain
Note d’intentions

« La forme d’une ville change plus vite […] que le cœur d’un mortel ».
La première fois que j’ai entendu ce ver, c’était dans la bouche d’un élu de Brest, lors d’un discours. Tout de suite je me suis méfié : essaie-t-on, sous couvert de poésie, de nous imposer l’urbanisme ?
Mais pourquoi cette défiance ? Pourquoi un habitant ne ferait pas confiance aux longs travaux d’études, aux avis des experts, aux résultats des réunions publiques et des concertations citoyennes ?

Plus tard, je relève dans cette citation l’absence d’un mot :
« La forme d’une ville change plus vite, hélas, que le cœur d’un mortel ».
Dans la bouche du dit élu, le changement est rendu nécessaire, inéluctable – alors que pour Baudelaire, il serait aussi source de regrets. Dans les deux cas le changement urbain porte un aspect imparable. Alors je me demande : Comment vit-on les mutations de sa ville ? Quels changements sociaux accompagnent la ville qui change ?

L’œuvre d’une équipe municipale marque une empreinte décisive sur les rues, tandis qu’un café qui ferme après trente ans d’ouverture laisse peu de traces. À travers mon portrait du quartier, j’aimerais faire dialoguer ces deux points de vue d’échelles différentes : les sensibilités individuelles des habitant·e·s (leurs routines, les détails de leurs rapports à la rue et au logement, les histoires de vies du quartier) avec le long processus d’urbanisme qui débute bien avant le commencement des travaux, et nécessite un large recul – voire une vision (trop) lointaine ?
 

Quel est le public visé par ce projet

Par cette mise en regard, j’espère éclairer les habitant·es et les auditeur·ices sur les mécanismes du renouvellement urbain, en leur présentant les arguments qui motivent ces prises de décision. En retour, le collectage de la parole et de la mémoire des habitants permettra de renseigner les collectivités sur la façon dont leurs citoyen·nes vivent la ville et ses changements.


Action culturelle, médiation radiophonique
Le « groupe relais » quartier NPNRU Recouvrance-Quéliverzan sollicite les acteurs culturels de la ville pour imaginer des temps de médiation avec habitants. Dans le cadre de ce projet, j’aimerais leur proposer un temps d’initiation à la radio qui pourrait conjointement répondre à la demande du « groupe relais », à mon envie de rencontrer des habitants du quartier, à leur envie de découvrir la radio, et à débuter le recueil de témoignages.

Quel impact pour le territoire et ses habitant·e·s ?
  • Un recueil de témoignages des citoyen·nes qui pourra nourrir le travail des élu·es et technicien·es de la ville
  • Un document « mémoire » du quartier prioritaire de Recouvrance-Pontaniou-Queliverzan librement disponible en ligne pour une durée indéterminée, tandis que le quartier va se transformer
  • Un atelier d’initiation à la radio et au podcasts pour les habitant·es, jeunes ou non - comme une ouverture au numérique et au dialogue avec ses voisins
  • Une exposition sonore et photographique, et un livre de photos pour marquer la restitution du projet, montrer aux habitant·es l’aboutissement de leurs paroles et de leur collectage
  • Des informations sur la politique de la ville pour que les habitant·es soient en mesure de comprendre les mutations de leur quartier

Exemple de plan pour un atelier d’initiation à la radio (à confirmer avec la structure d’accueil)
Pour 5 à 10 participant·es, de 14 à 94 ans, sans pré-requis.
Dans les locaux associatifs de Queliverzan, ou à la Maison pour tous du Valy Hir.
4 séances étalées sur 2 semaines de vacances (février 2024)
 
  • Séance 1 (une journée entière) :
- découverte de la radio et du podcast par l’écoute collective et critique
- initiation à la prise de son et à l’interview, échanges de souvenirs sur le quartier
- production de micro-trottoir, initiation au montage, partage d’idées d’interviews
  • Séance 2 (une demi-journée) :
- préparation des interviews, écriture de déroulés d’entretiens, prise de rendez-vous
- prêt de matériel aux participant·es
  • Séance 3 (une demi-journée) :
- accompagnement à distance et/ou sur les lieux du tournage
  • Séance 4 (une journée entière) :
- suite de l’initiation au montage et au mixage
- écoute collective des interviews montées
  • préparation en amont, puis intégration du travail des habitant·es aux podcasts (deux journées) :
- écriture, préparation matérielle, sélection, suivi, coordination